"Sécurité lors d'une chasse aux grands gibiers"

 
  • Trois règles primordiales:

 - Il est tout d'abord indispensable de respecter un angle de 30°, entre la ligne des postés et l'animal, avant de tirer :

Pratiquement, pour déterminer un angle de trente degrés sur le terrain, il faut se déplacer de 5 mètres vers votre droite parallèlement à la ligne des postés puis d'au moins 3 m perpendiculairement à la ligne des postés. Vous pouvez réaliser la même chose sur votre gauche pour avoir les angles de sécurités dans les deux directions.

 - Il vous faut considérer qu'un tire fichant est une close nécessaire mais pas suffisante :

En effet, s'assurer que si la balle ne frappe pas le gibier, elle s'arrêtera dans le sol quelques dizaines de mètres plus loin est une sécurité supplémentaire pour que celle-ci ne continue pas son chemin pendant encore quelques centaines de mètres. Cependant, il faut noter qu'en période de gel, l'angle fichant peut s'avérer dangereux, car une balle peut tout à fait ricocher sur la glace...alors méfiance. 

 - La lunette est trompeuse pour les courtes distances :

L'usage de la lunette est très répandue, et cela favorise l'efficacité du tir. Néanmoins, il ne faut pas oublier que même à faible grossissement (1,25 ou 1,5) la lunette n'offre qu'un champ de vision de 6 m quand on vise quelque chose à 20 m. Concrètement cela veut dire que le tireur ne voit que trois mètres entre le réticule et le bord de la lunette. Donc, si un élément étranger arrive dans la lunette alors que l'on suit un animal courant à 36Km/h soit 10m/s, on n'a que 1/3 de seconde pour réagir et ne pas tirer, car à cette vitesse, il ne s'écoule que 0,3s entre le moment où quelque chose entre dans la lunette et le moment ou il se trouve dans le réticule. La lunette peut donc s'avérer dangereuse pour le tir à courte distance.

Le champ de vision est ici très réduit, si un élément étranger arrive (chiens...) la réaction doit se faire en 1/3 de secondes.

  • Les sonneries : elles doivent être homogènes

Chaque société ou groupe de chasse possède ses propres codes en matière de sonneries, que se soit pour le début/fin de traque, l'annonce du gibier et l'annonce de la mort. Cela dit il existe un code national basé sur le nombre des syllabes selon l'animal. Mais cette règle n'est pas connue de tous. Voici cependant un exemple très simple de sonneries : 

- 1 coup long = début de traque

- 2 coup long (parfois suivi de 4 ou 8 coup très court) = fin de traque

- 2 coups courts = chevreuil

- 3 coups courts = sanglier

- 4 coups courts = cerf

- pour annoncer la mort on reprend le nombre de coups correspondant à l'animal + taïaut (tu-tu-tu....)

- Si on veut différencier les cerfs, biches et faons ( on sonne 4 fois pour le faon, 5 fois pour la biche et 6 fois pour le cerf). Ainsi, la gradation des sonneries se fait selon la grandeur des animaux...

  • Viser un animal ?

Il est indéniable qu'un balle avec peu d'énergie cinétique mais bien placée est plus efficace qu'une balle pleine d'énergie mais venant taper dans l'arrière de l'animal.

Il est donc indispensable de placer au mieux sa balle afin de réduire au maximum le risque de blesser l'animal. Lors de la chasse à l'approche, la balle de cou est la plus mortelle, il en est de même lors de la battue silencieuse. En revanche, en battue, la balle de cou est souvent le produit de la chance; car à la course, il est très difficile de placer une balle de cou. 

Dans les battues silencieuses (si l'animal s'arrête dans le layon) ou à l'approche, il convient alors de viser un chevreuil dans son tiers avant et ses deux tiers supérieurs. Pour le sanglier et le cerf, il faut viser dans la moitié avant et les deux tiers supérieurs.

Dans les battues en générales, il est impératif de devancer l'animal malgré la vitesse des projectiles utilisés et de leur énergie : un animal qui trotte à 10Km/h soit 3m/s et qui passe à 20m (situation tout à fait courante), nécessite une correction de 10 cm lorsqu'on tire avec un projectile de 9,3*74R. A cette même distance, le même gibier passant à 36 Km/h soit 10m/s, devra être devancer de 30 cm afin de toucher le cou. 

Oublier de devancer l'animal dans la première situation conduit directement à faire une balle de poumon l'animal ira mourir quelques dizaines de mètres plus loin. En revanche dans la deuxième situation, la balle ira se loger dans la panse ou dans une patte arrière et l'animal ne sera sûrement pas retrouvé.

Enfin pour le tir en plaine à 80m sur un animal lancé (55 Km/h), il faut devancer l'animal de plus d'une fois sa longueur.

Conclusion : la carabine ne dispense réellement pas de devancer l'animal.

Animal à 20 mètres à 50 mètres
Sanglier au trot viser la tête viser le groin
Sanglier lancé viser le groin viser 30 cm devant
Chevreuil au trot viser l'épaule viser à la verticale de son museau
Chevreuil lancé viser à la verticale de son museau viser 30 cm devant la verticale du museau
Cerf au trot viser l'épaule viser 30cm devant l'épaule
Cerf lancé viser 30cm devant l'épaule viser à la verticale du museau

 

  • Les réactions du gibiers après le tir :

Lieu d'impact Réactions
Coeur poumon Aucune réaction visible. l'animal continue sa course et va tomber 10 à 150 m plus loin.
Apophyse Séché sur place. Puis quelques instants plus tard, il reprend ses esprits, se relève et repart pour ne plus être vu de la journée.
Estomac ou foie Peu de réaction nette, l'animal se courbe à l'impact il court des centaines de mètres avant de tomber.
Rein L'animal accuse le coup en tombant de l'arrière et en poussant un cri. Il s'arrête quelques mètres plus loin.
Membre antérieur Chute brutale vers l'avant. Il repart quelques secondes après. Il mourra si le membre s'infecte!
Groin Culbute de l'animal, puis repart. Il mourra des jours plus tard faute de pouvoir se nourrir!
Colonne cervicale L'animal tombe et reste sur place
Tir des pattes avant Fléchissement et fuite en se traînant. Il s'arrêtera si les pattes sont très abîmées, sinon il pourra cicatriser mais il boitera longtemps
Colonne lombaire Se bloque, et se traîne sur les pattes avant.
Thorax haut Ruade et affaissement vers l'avant.
Membre postérieur Affaissement de l'arrière train et fuite
Tir des pattes arrière Affaissement de l'arrière train et fuite
  •  Que faire après le tir :

Après le tir, il est indispensable d'observer toutes les réactions du gibier sans bouger de son poste. Il faut enregistrer tout comportement anormal de l'animal. 

Une fois la fin de traque sonnée, il faut rester à sa place en attendant que le chef de groupe ou le chef de la chasse vienne demander où le gibier est tombé. Celui-ci ira voir, et il se déplacera avec les indications données par le tireur. Si le tireur bouge, l'emplacement exact de l'impact sera perdu.

Si l'animal est blessé, il convient de l'achever immédiatement avec un long couteau en visant le coeur (l'achever avec une balle si l'animal se montre réellement trop dangereux). Si il n'est plus là, il faut chercher des indices (os, sang, contenu digestif...) pour rapidement évaluer ou la balle a tapé.

Ensuite, il faut suivre la piste sur quelques dizaines de mètres pour voir si l'animal n'est pas tombé plus loin. Si il n'est pas retrouvé, il faudra revenir avec un chien de sang. (chaque département possède des équipages, se renseigner à la fédération).